Rapport de Mission : 15 mars 1917.

Par : Merlin

Rapport de mission. Le 5 mars 1917.

"Ce matin, notre commandant nous a annoncé qu’une mission de reconnaissance venait de découvrir l’emplacement de l’aérodrome ennemi depuis lequel avaient décollé les trois Albatros affrontés un mois plus tôt. Ceci nous donnait l’occasion de venger les Cadets tués lors de cette affrontement. Je ne souhaitais pas la laisser passer. Mais ma patience fut mise à rude épreuve. La météo trop clémente ne couvrait le ciel d’azur d’aucun nuage et je ne pouvais pas prendre le risque d’amener deux nouveaux cadets à un affrontement trop direct avec ces vautours impitoyables. Vers 17h, le ciel se couvrit, j’hurlai alors quelques ordres et pris avec moi deux jeunes pilotes près à en découdre. Mais je pris soin d’exposer soigneusement le plan que cette journée d’attente m’avait donné l’occasion de mettre en place.

Nous quittâmes la piste vers 17h30, volâmes près d’une heure vers l’aérodrome ennemi, sous le couvert des nuages et piquâmes tels des éperviers vers la base allemande. Comme je l’avais prévu, l’ennemi fut pris par surprise et seuls deux albatros eurent le temps de prendre les airs avant nos premiers mitraillages des lieux. Les soldats allemands à terre répliquèrent avec véhémence et précisions... Nous le leur rendîmes !

Mais une rafale de Spandau toucha mon moteur, alors que je prenais en chasse le D.III jaune portant le cœur et les couronnes de lauriers. Une noire fumée gêna l’ajustement de mes tirs mais j’en vins tout de même à bout. Trois tirs et l’appareil piqua vers le sol. Le pilote fut blessé mais il vivra.

L’autre D.III avait pris le large pour monter à notre niveau et repiqua rapidement vers nous. L’un des cadet le prit en chasse et d’un tir magnifiquement ajusté pulvérisa l’Albatros. Je saluai l’exploit car j’eusse aimé faire aussi bien !

Mon second coéquipier, quant à lui, élimina le reste des défenses ennemis au sol et nous détruisîmes aussi les réservoirs d’essence de l’aérodrome, tandis qu’au milieu des flammes un autre Albatros prenait son envol. Il vira vers le Nieuport de mon cadet victorieux. Je profitai de la situation pour me placer avantageusement au dessus de l’appareil ennemi. Je piquai alors sur lui en décochant une courte rafale, mais ma lewis s’enraya. Je maintins tout de même une forte pression sur lui afin qu’il abandonne sa poursuite. Ce qu’il fit finalement !

Nous rentrâmes alors vers notre camp, victorieux et satisfaits.

Nous obtînmes deux victoires aujourd’hui. Mais je ne peindrai pas de croix de fer sur ma carlingue. Le combat n’était pas égal... et cette victoire revient à mes deux compagnons perdus il y a un mois..."


Arthur De La Rochejaquelein.
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