René Paul FONCK

Par : Merlin

source : Wikipedia et Les As Oubliés de 14-18



René Fonck, né le 27 mars 1894 à Saulcy-sur-Meurthe (Vosges) et mort le 18 juin 1953 à Paris, fut le meilleur des aviateurs français.

Fils d’un sagard, ouvrier des scieries vosgiennes, mort accidentellement quand il n’avait que quatre ans, René Fonck est d’abord tisserand puis apprenti-mécanicien. Appelé sous les drapeaux le 22 août 1914, il est versé au 11e Régiment du Génie d’Épinal où il fait ses classes. Fasciné par les exploits des aviateurs depuis longtemps, il réussit à se faire verser dans l’aviation au début de l’année 1915. Il est élève pilote à l’école Caudron du Crotoy. Il débute enfin sa carrière aéronautique en tant que pilote d’une escadrille d’observation, la C 47, basée près de chez lui à Corcieux.

Le héros de la Première Guerre mondiale

René Fonck est l’As des as français et Alliés de la Première Guerre mondiale, avec 75 victoires homologuées et 52 probables.

En tant que pilote d’observation, le 6 août 1916, aux commandes d’un Caudron G4, il force un avion de reconnaissance Rumpler C-I allemand à atterrir derrière les lignes alliées. Après cet exploit, déjà titulaire d’autres victoires, il est muté au Groupe de combat 12 ou « Groupe des cigognes », plus précisément à l’Escadrille 103. ll ne fut pas rare qu’il abatte plusieurs avions en une journée, jusqu’à six le 9 mai puis à nouveau le 26 septembre 1918. Selon ses dires et certains témoignages, il ne sera pourtant jamais touché par le feu adverse. En tant que pilote de chasse, il met peu à peu au point une technique de combat qui consistera essentiellement à surprendre l’adversaire, lui porter un coup décisif au plus près et avec un minimum de munitions, et se soustraire à sa riposte. Plus précisément, Fonck n’hésite pas à viser le pilote ennemi plutôt que son avion, ce qui conduisait, en cas de tir réussi, à la perte irréversible de l’appareil. Sa forme physique, entretenue par une bonne hygiène de vie, lui permet de supporter facilement les contraintes des longs vols en altitude et le stress du combat. Il n’aura de cesse de professer sa méthode et de former de jeunes pilotes. A ses premiers vols de chasseur solitaire, il privilégiera ensuite des dispositifs aériens avec ses camarades, dans lesquels il se taille la part du lion. Ses avions, SPAD VII, SPAD XIII et SPAD XII-canon seront toujours l’objet de tous ses soins et de ceux de ses mécaniciens, par une mise au point minutieuse et la mise en place d’améliorations techniques astucieuses (systèmes optiques, amélioration de la ventilation du moteur...).

Guynemer disparaît le 11 septembre 1917 et les Allemands annoncèrent qu’il avait été abattu par un certain Kurt Wisserman. Des études récentes tendent à prouver que le lieutenant Fonck n’est pas le vengeur de Guynemer et qu’il n’a donc pas abattu Wisserman, très probablement victime d’un pilote du Royal Flying Corps, mais un appareil piloté par un certain Wisseman. Toutefois, ce "doute" ne remet nullement en question les qualités exceptionnelles de pilote, de tacticien et d’homme du Français, largement aidées par une condition physique (vue - 17/10 à chaque oeil, endurance,etc) et mentale (contrôle de soi) hors du commun. René Fonck termine la guerre avec tous les honneurs, arborant une croix de guerre 1914-1918 enrichie de 28 palmes et d’une étoile, la plus "chargée" à ce jour, ainsi que de nombreuses décorations étrangères.

Il fut le porte-drapeau de l’aviation française lors du défilé de la victoire le 14 juillet 1919. L’aura acquise par Guynemer du fait de sa mort au champ d’honneur explique probablement que son renom ait éclipsé celui de René Fonck, bien qu’il n’ait eu "que" 54 victoires à son actif alors que son successeur en tant qu’as des as en compta finalement 127, 75 officielles (appareils ennemis tombés dans les lignes françaises et confirmés par témoignages) et 52 non homologuées.

Fonck est aussi reconnu pour son tempérament jugé désagréable. Il avait une réputation d’homme arrogant et froid, confirmé souvent par son comportement en combat et la distance qu’il prenait avec la vie festive voire débauchée des autres pilotes reconnus de l’époque. Pourtant ce n’est ne fait qu’un homme discret et timide, peu bavard, et surtout un homme exigeant de lui même une vie saine. Mais il est loin des considération chevaleresque des pilotes tel que Guynemer, qu’il admire mais considère comme suicidaire. C’est chasseur redoutable ne laissait aucune chance au pilote ennemi. Suivant avec application le Diktat Boelcke, il attaquait l’appareil ennemi en le prenant par surprise et en tirant, à très courte portée, une courte rafale sur le pilote pour le tuer et ne lui laisser aucune chance de riposte. C’est pourquoi, lui même, ne subit jamais de tir ennemi !






Quelques extrait de "Mes Combats"  :

"Mon appareil d’alors était un lourd biplan surlequel il n’était guère possible de faire autre chose que des reconnaissances ou du réglage."

"Au retour d’une de ces expéditions , j’ai rencontré mon premier ennemi.....J’étais sans armes et s’il lui avait pris fantaisie de combattre , perdu pour perdu, je n’aurais pas hésité à tenter de foncer sur lui pour l’entrainer avec moi dans sa chute./....../.mais l’aventure me servit de leçon. Je ne me suis plus enlevé sans emporter une bonne carabine dont je me suis servi bien des fois par la suite et avec laquelle j’ai réussi des coups heureux."

"le 14 août 1918, en 10 secondes, je réussis à abattre trois avions. Ce fut mon record au point de vue vitesse. Ils arrivaient à ma rencontre se suivant à 50 mètres d’intervalle. Je les attaque de face à toute allure. En les croisant je leur lâchais à chacun une rafale et chaque fois mes balles parvinrent au but. Ils tombèrent près de la ville de Roye et achevèrent de se consumer à terre, séparés par moins de 100 mètres. Ce furent mes 58, 59 et 60èmes avions officiels."

"J’ai remporté, le 9 mai 1918, ma principale victoire. Je rêvais depuis quelque temps de triompher en vingt-quatre heures, de cinq adversaires et me disais que personne sans doute ne pourrait, d’ici longtemps, dépasser cette performance. Le soleil, à la pointe du jour, s’était levé radieux, mais un brouillard épais, s’étendant peu à peu, avait bientôt rendu impossible toute observation. Vers 10 heures, la brume commençait à se dissiper et trois quarts d’heure après, je pouvais prendre le départ en compagnie du capitaine Battle et du lieutenant Fontaine. A peine sur les lignes, nous tombions sur une patrouille composée d’un appareil de reconnaissance protégé par deux biplaces de combat. D’un mouvement convenu d’avance, je donnais immédiatement le signal de l’attaque et de face à la première rafale, j’atteignis en plein le pilote ennemi, sans m’inquiéter de lui davantage, pour éviter d’être touché à mon tour, j’effectuai un rapide retournement suivi d’une glissade. Ainsi j’étais placé sous l’aile d’un autre boche dont le mitrailleur cherchait à me reprendre, mais il était déjà trop tard. Une deuxième fois j’ouvris le feu et le second adversaire culbuta tandis que le troisième échappait à mes camarades. Me voyant en train de virer, ce dernier me crut hors d’état de le poursuivre et piqua droit ; cette erreur causa sa perte. J’étais au bout d’une seconde derrière lui en position de tir et profitai aussitôt de mon avantage. Son appareil, brisé en l’air descendit en plusieurs morceaux : il avait subi le même sort que ses compatriotes. Le combat avait en tout duré quarante cinq secondes. Les trois biplaces, aux abords de nos tranchées furent retrouvés près de Grivesne, à moins de 400 mêtres l’un de l’autre. Nous étions à peine à terre et déjà, de tous les points de l’horizon, les téléphones signalaient mon triple exploit. Je réfléchis que l’ennemi ne manquerait pas de s’affoler et complétai rapidement ma provision d’essence. Autour de moi, c’était une véritable explosion d’enthousiasme, mais il n ’y avait pas une minute à perdre et vers 17 h. 30, je décollais de nouveau en même temps que le sergent Brugère et le lieutenant Thouzelier . Dans le ciel, des nuages épars, emporté par le, vent, formaient à présent de vastes écrans derrière lesquels il était facile de se dérober. A 18 h. 20, je reconnus un Boche évoluant au-dessus de Montdidier. Un champ de brume nous séparait. Je fonçai hardiment à travers cet obstacle, qui, pareil à de l’ouate, m’enveloppa tout entier. Il est facile d’abattre un ennemi à l’instant où on sort du brouillard . Débouchant à 30 mètres, je surpris l’observateur penché sur le fuselage pour opérer un réglage. Une rafale de balles eut vite fait le culbuter. J’avais toutefois perdu de vue mes compagnons et en moi-même je n’en étais pas trop fâché. Je préfère évoluer seul au milieu de mes adversaires, sans avoir le soin de protéger mes camarades. La solidarité nous impose de sortir d’embarras un compatriote en état d’infériorité. Je tâche de jamais faillir à ce devoir, mais j’aime par dessus tout ma liberté d’action car elle est indispensable au succès de mes entreprise. Quatre Fockers parurent alors, et, presque aux-dessus d’eux, les dominant, cinq albatros Seul contre neuf, ma situation devenait .périlleuse. J’hésitais à attaquer, mais le désir de parfaire ma performance l’emporta sur prudence et je choisis les risques du combat. Les Fockers filaient en triangle et, de l’altitude très élevée où je me trouvais, j’eus vite fait de combiner mon plan d’attaque. Je piquai droit sur l’adversaire à une vitesse d’au moins 240 à l’heure et, me glissant entre. les deux escadrilles, j’atteignis le dernier Focker en surveillant les albatros A 30 mètres je lui décochai par derrière la première salve et le vis aussitôt tomber devant moi. Avertis par le crépitement de ma mitrailleuse, les deux Boches les plus rapprochés virèrent en même temps pour venir à ma rencontre, mais je marchais à une vitesse de 8 mètres à la seconde, et sans leur laisser le temps d’achever leur mouvement, je réussi à passer au milieu d’eux. Huit secondes leur furent nécessaires pour se remettre en ligne. Elles me suffirent pour joindre et abattre le chef de la patrouille. A leur tour, les albatros plongeaient à ma poursuite. Tous avaient été surpris par la hardiesse de ma manoeuvre, mais à présent ils étaient ressaisis. Je les sentais sur mes talons et filais comme un bolide. Me retournant je les vis dessiner dans le ciel un grand arc de cercle convergeant dans ma direction, -mais j’eus aussi la satisfaction de percevoir, au loin, deux trainées de flammes caractéristiques. La distance qui nous séparait augmentait toujours et bientôt, me trouvant hors d’atteinte, je me suis mis en route vers mon terrain. Je ne pourrais décrire la réception qui m’attendait. Ce furent des ovations sans fin ; je fus même quelque peu porté en triomphe et les tabourets du bar en virent de belles. A 20 heures, mon sextuple succès était homologué. Ce fut pour moi une grande satisfaction, ayant dépassé le chiffre que je m’étais fixé avant le départ."




Les Victoires de Fonck :

1 06 août 1916 C47 Rumpler Estrées-Saint Denis
2 17 mars1917 C47 Albatros Cernay-en-Lannais
3 05 mai 1917 Spa103 Rumpler Berry-au-Bac
4 11 mai1917 Spa103 Albatros Aguilcourt
5 13 mai 1917 Spa103 EA Nogent l’Abbesse
6 12 juin 1917 Spa103 Albatros Cauroy-Cormicy
7 09 août 1917 Spa103 Fokker Dunkerque
8 19 août 1917 Spa103 Albatros C  
9 20 août 1917 Spa103 EA  
10 21 août 1917 Spa103 Biplace Dixmuide
11 22 août 1917 Spa103 EA Ypres
12 14 septembre 1917 Spa103 EA Langemarck
13 15 septembre 1917 Spa103 EA Zonnebeke
14 23 septembre 1917 Spa103 Biplace Houthulst
15 30 septembre 1917 Spa103 Biplace Poperinghe
16 17 octobre 1917 Spa103 EA  
17 17 octobre 1917 Spa103 EA  
18 21 octobre 1917 Spa103 EA Paschendaele
19 27 octobre 1917 Spa103 EA Westroosebeke
20 19 janvier 1918 Spa103 Fokker Beaumont
21 19 janvier 1918 Spa103 EA Samogneux
22 05 février 1918 Spa103 Biplace Sarrebruck
23 18 février 1918 Spa103 Albatros Caurieres-Bezonvaux
24 19 février 1918 Spa103 Albatros C Montfaucon
25 26 février 1918 Spa103 Biplace Dieppe
26 26 février 1918 Spa103 Biplace Montfaucon
27 15 mars 1918 Spa103 Biplace Bermercourt-Oratuville
28 15 mars 1918 Spa103 Albatros Courtecon
29 16 mars 1918 Spa103 Two-seater Nogent l’Abbesse
30 17 mars 1918 Spa103 Pfalz D.III Meneville
31 28 mars 1918 Spa103 EA Montdidier
32 29 mars 1918 Spa103 Scout Montdidier
33 29 mars 1918 Spa103 Scout Montdidier
34 12 avril 1918 Spa103 Scout Piennes-Montdidier
35 12 avril 1918 Spa103 Biplace Moreuil
36 22 avril 1918 Spa103 EA Assainvillers-le-Monchel
37 09 mai 1918 Spa103 Biplace Moreuil
38 09 mai 1918 Spa103 Biplace Moreuil
39 09 mai 1918 Spa103 Biplace Moreuil
40 09 mai 1918 Spa103 Biplace Montdidier
41 09 mai 1918 Spa103 Biplace Harlecourt-Braches
42 09 mai 1918 Spa103 Biplace Harlecourt-Braches
43 19 mai 1918 Spa103 EA Montdidier
44 19 mai 1918 Spa103 EA Montdidier
45 25 juin 1918 Spa103 Fokker Villers-aux-Erables
46 25 juin 1918 Spa103 Fokker Montdidier
47 25 juin 1918 Spa103 Halberstadt C Coutoire
48 27 juin 1918 Spa103 Halberstadt C Morisel
49 27 juin 1918 Spa103 Pfalz D.III Moreuil
50 16 juillet 1918 Spa103 EA Dormans
51 16 juillet 1918 Spa103 EA Dormans
52 18 juillet 1918 Spa103 EA Cachery
53 18 juillet 1918 Spa103 EA Cachery
54 19 juillet 1918 Spa103 EA Chatillon
55 19 juillet 1918 Spa103 EA Chatillon
56 19 juillet 1918 Spa103 EA Dormans
57 01 août 1918 Spa103 Biplace EBois de Hangard
58 14 août 1918 Spa103 EA Roye
59 14 août 1918 Spa103 EA Gruny-Cremery
60 14 août 1918 Spa103 EA Roye-Chaulnes
61 26 septembre 1918 Spa103 Fokker D.VII St. Marie-a-Py
62 26 septembre 1918 Spa103 Fokker D.VII St. Souplet
63 26 septembre 1918 Spa103 Halberstadt C Perthes-les-Hurles
64 26 septembre 1918 Spa103 Fokker D.VII St. Souplet
65 26 septembre 1918 Spa103 Halberstadt C Souain
66 26 septembre 1918 Spa103 DFW C Souain
67 28 septembre 1918 Spa103 Biplace Somme-Py
68 05 octobre 1918 Spa103 Biplace Liry-Mirvaux
69 05 octobre 1918 Spa103 Scout Mauvine-St. Clements
70 30 octobre 1918 Spa103 Biplace Falise-Vouzieres
71 30 octobre 1918 Spa103 Scout Semay-Terron
72 30 octobre 1918 Spa103 Scout Semay-Terron
73 31 octobre 1918 Spa103 Biplace Vouzieres
74 31 octobre 1918 Spa103 Scout Vouzieres
75 01 novembre1918 Spa103 Halberstadt C Vouzieres





Deux biographies sur Fonck :

  • René Fonck. L’as des As, l’homme, Paris, ISC-Economica, 2007, 372 p. de Corinne Micelli, auteur avec Bernard Palmieri
  • RENE FONCK "AS DES AS" ET VISIONNAIRE 1894-1953 de Claude PERRIN, 2002, 320 pages, 12 photos NB, texte en français.
RENE FONCK "AS DES AS" ET VISIONNAIRE 1894-1953

René Fonck, L’as des as, l’homme.

Biographie très documentée de Fonck par Corinne MICELLI et Bernard PALMIERI

Dessin préparatoire

-